Philippe Sollers, Un vrai roman. Mémoires
Sa pléiadisation soucie Sollers. Il se moque de l’Académie, a fait une croix sur le Nobel, qui le lui rend bien, mais entrer de son vivant dans cette belle collection, ça, ça le branche. On y donne parfois les articles sortis au moment de la parution, c’est tendance en matière d’apparat critique : et si mon article était pléiadisé dans la foulée ?
Un vrai roman ? Un classique instantané. C’est un livre merveilleux, et qui se lit d’une traite. Il s’alourdit par instants, semble fléchir, s’effilocher, partir en quenouille – mercis aux proches, poignées de main, petits saluts, clins d’œil, courbettes aux Gallimard, listes multiples, toujours divertissantes d’ailleurs – c’est pour mieux se ressaisir, repartir, rebondir et cavaler, le tout s’épanouissant en Livre de sagesse : Homère, Dante, Shakespeare, etc, the usual bunch, plus Heidegger, la Chine, la Bible … n’en jetez plus.
Sollers en sage, est-ce crédible ? Se disant maintenant fourbu, il se prête “une sorte de savoir absolu” sur les choses du sexe. “Dans mon cas, dit-il avec une précision clinique, il me semble qu’après 55-60 ans, le détachement biologique s’est fait de lui-même”. La chouette de Minerve, on le sait, ne paraît que l’histoire achevée. Est-elle si achevée que cela, cette histoire de Sollers, où il nous introduit ? Leurre, gant jeté aux dames, pour exciter leur curiosité de visiter les ruines d’une splendeur phallique qui fut digne de l’heure fauve où les nymphes se perpétuent. Ce sage commença tôt sa carrière de faune.
L’homme kulturny, comme disent les Russes, percevra d’emblée que nous sommes du côté du lieutenant plutôt que du vicomte. Henry Brulard, non les Mémoires d’Outre-tombe. Même passion amoureuse pour la mère. Le lecteur de L’Âne est-il kulturny ? L’ardent souci où il est des tracas et aléas de l’actualité stimule-t-il chez lui comme chez moi le désir de se ressourcer, se laver, se délasser en relisant nos classiques, et en les célébrant à l’occasion, dans la paix de l’âme et le silence des passions ? Dans l’incertitude, il est plus sûr de citer : “Je voulais couvrir ma mère de baisers et qu’il n’y eût pas de vêtements” ; le fameux saut de la mère : “Un soir, comme par quelque hasard on m’avait mis coucher dans sa chambre par terre, sur un matelas, cette femme vive et légère comme une biche sauta par-dessus mon matelas pour atteindre plus vite à son lit”. Ce coquin de Sollers, maintenant, sur les yeux de sa mère : “Je les ai beaucoup regardés de près, en me roulant le plus possible sur elle. J’ai essayé une fois de l’embrasser carrément sur la bouche, mais elle a trouvé ça déplacé, ce qui ne l’a pas empêchée de rire (drôle de rire)”.
Comme Stendhal, peu de Père dans son ciel. Comme lui, il est pseudonyme. Un S. ça siffle. Attention, filles d’ève ! Tous deux sont de l’école “vite et bien“ (devise de Gracian, en exergue du livre). Comment fait-on pour parler La Chartreuse en 52 jours au 33, rue Caumartin, du 4 novembre au 26 décembre 1838 ? Jean Prévost spéculait qu’il fallait d’abord être soi-même devenu un chef d’œuvre. Un vrai roman, c’est Comment je suis devenu un trésor national (et donc pourquoi je mérite dix fois d’entrer dans la Pléiade, son obsession).
Dans ses Mémoires à lui, Sartre, Prix Nobel pour Les Mots, se vantait de n’avoir pas de surmoi, surmoi dont il avait une notion antique : c’est, croyait-il, celui qui dit non – comme lui précisément, au Prix Nobel, ou Gracq au Prix Goncourt. Sartre ne voyait nulle part son surmoi parce que c’était lui-même. Gracq a l’avantage de le savoir. Il a depuis belle lurette ses deux Pléiade, et vit heureux sur ses terres du Maîne-et-Loire, en trésor national que l’on visite à ce titre, et il veille à être toujours bien avec son sous-préfet. Nul n’a mieux parlé de Stendhal (dans En parlant, en écrivant).
Sollers a un surmoi, un surmoi de dernière génération, lacanien : c’est un surmoi qui dit oui. Ce n’est pas Sollers qui aurait refusé le Nobel ou le Goncourt, soyez-en sûrs. Son surmoi dit “Jouis !“, et Sollers obéit – et comment ! La volonté de jouissance poussée à ce degré-là, un si fort ça, ça vous fait vite une vie de forçat, n’est-ce pas ? Je remarque que la jouissance de tous les grands Fouteurs compulsifs, grands Auteurs-Fouteurs y compris, n’est jamais régie en fait que par un Tout pour la jouissance de l’Autre. Sollers et les femmes, c’est-à-dire, et les putes, et les cuisinières, et les cantatrices, et les vertes, et les pas mûres, et aussi les mûres, et même, en passant, quelques travestis pour pimenter le tout – “J’espère que vous faîtes attention à votre santé ?” lui demande tout à trac Mitterrand, qui avait des oreilles partout – ce n’est pas si loin, en somme, de Montherlant frénétique à cueillir les “couronnes” des petits garçons. D’où, chez l’un comme chez l’autre, un sourd ressentiment qui parfois se débonde, à l’endroit de l’objet tyrannique qui en demande trop : gitons trop bêtes et trop collants pour l’un ; pour l’autre, femmes trop maternantes et folles trop fidèles, deux catégories d’imbaisables (Sollers définit d’ailleurs cette folie comme ”une bêtise portée à son comble”). Sur ce chapitre, Sollers joue Costals aux prises avec Andrée Hacquebaut. Plus personne ne lit Les Jeunes filles, il me semble, et c’est dommage, car Montherlant y est drôle et souvent très vrai, si répétitif et lassant dans sa haine du “féminin”. Donc, l’inverse de Sollers.
Néanmoins, point commun : ce sont tous deux des fils de la mère. Les valeurs du Père les laissent froids. La défense de la patrie ne les fait pas bander, mais débander. Au sens du surmoi “modèle-seconde-topique-1923-état-d’époque-non-révisé-Lacan”, leur surmoi est d’emprunt, ou de pur semblant (un peu comme celui des femmes dont parle l’article séminal de Hanns Sachs que j’ai fait traduire et publié jadis dans Ornicar ? 29, “Sur un motif de la formation du surmoi féminin”). Sartre est d’ailleurs dans le même cas : c’est un fils de la mère, fils unique, le chouchou à sa maman, veuve – même tropisme féminin que Sollers, mais moche ; même égarement charmant – ou plutôt, non : chez Sartre, pas toujours si charmant. Non seulement Sollers ne se cache nullement de s’être fait porter pâle pour couper au service militaire en Algérie (comme François Truffaut d’ailleurs, au même moment, si mon souvenir est bon), mais il décrit avec complaisance et force détails comment il y réussit ; le morceau est d’une drôlerie courtelinesque.
De même, on sait aujourd’hui, par ses lettres à sa grand mère complice, que “la belle guerre“ de Montherlant, chantre de Aux Morts de Verdun, secrétaire général de l’Ossuaire ou quelque chose comme ça, était toute en carton-pâte. Le souci bien compris de sa carrière exigeant du futur écrivain un passage héroïque au front, il fila vite fait dès qu’il réussit à se faire incruster dans la fesse, gauche ou droite je ne sais plus, quelques menus éclats d’obus – et non sans réclamer et obtenir un certificat en bonne et due forme, pour confondre d’éventuels calomniateurs. Il fit de même plus tard pour une blessure reçue à l’aine alors qu’il toréait en Espagne. Montherlant, un maître des semblants, jouait les durs comme le voulait l’époque, comme Hemingway, lui plus authentique tout de même. Sollers nous épargne ça. Il ne joue pas non plus le guerrier appliqué (il n’apprécie pas beaucoup Paulhan), sinon dans “la guerre du goût”.
Quand il stigmatise la France moisie (il déplore que ce soit son article le plus fameux, mais le republie), c’est, en style tempéré et amusant, et progressiste, et une seule fois, le même sentiment, au fond, que celui que Montherlant exprime en Père noble quand il vitupère inlassablement la médiocrité et la bassesse de ses compatriotes, au nom, tenez-vous bien, de son “expérience de guerre”. Voyez par exemple le recueil Service inutile (apprécié de Camus, autre fils de la mère, et très Père noble), et un peu partout dans sa production. Ses leçons de vertu aux officiers de l’école de guerre en 1933 sont du plus haut comique. Je recommande tout spécialement aux amateurs “La chienne de Colomb-Béchar”, où notre héros, aristo dont la particule est sujette à caution, se rengorge d’être le seul dans l’auberge à refuser toute pitié et pitance à un pauvre animal, que nourrissent, bien sûr, d’affreux “petits-bourgeois” (pouah !). Il s’agit d’une chienne, vous l’avez compris. Sollers, lui, l’eût enfilée – métaphoriquement, s’entend. Lui qui s’affiche perclus de tous les vices n’avoue pourtant aucune zoophilie, on se demande bien pourquoi. Là, Sollers et Montherlant sont aux antipodes. Mais les extrêmes se touchent.
Car, autre point commun, Montherlant dit quelque part quelque chose comme : c’est très bien d’être Saint Vincent de Paul, d’être Casanova, d’être Kant, mais c’est encore mieux d’être tout à tour et Saint Vincent de Paul, et Casanova, et Kant. Mais c’est tout le programme de Sollers, ça, tout au long de son Vrai roman. On lui dit :“Pas ceci et cela à la fois”, il rétorque :“Eh bien si, pourquoi pas ?” C’est l’athlète complet. à Paris : lancer ses filets, tirer les ficelles de la comédie littéraire, prêter son corps à la télé, et à on ne sait qui. à Ré, farniente à l’écart des importuns, douceur de vivre, l’époux, le père, l’amant de sa femme. à Venise, la production. Et puis, toujours, partout, écrire, lire – notamment, chaque jour, le matin, pour l’hygiène de l’esprit, comme on se lave les dents, une lettre de Voltaire, choisie au hasard.
Mais on ne peut être 3, le parisien, le rétais, le vénitien, qu’à être 4. Pour que les 3 tiennent ensemble, il faut le un-en-plus (Lacan), un venu de nulle part, sans foi ni loi, énergumène sans domicile fixe, un Loki ou quelque picaro, qui incarne la fonction joker-trickster de Dumézil. Sollers s’étonne que l’on ne retienne de lui que ce visage-là, alors qu’il en a tant d’autres. Il sait aussi qu’il n’y peut rien : c’est l’œil du public qui choisit votre persona. Il est trickster. Il est d’ailleurs également tricky et tricksy, espiègle et ficelle.
Moi, dans la vie, j’aime ce côté Cadet Rousselle qu’il a. Il ne me serait jamais, jamais, venu à l’idée de lui reprocher, comme certains lourdauds de ses amis, son flirt assez poussé avec Jean-Paul II (encore une de ses conquêtes masculines : Jean-Paul m’aime). Je le trouve au contraire génial dans son rôle de pécheur adoubé par amour par le Saint Père, sans confession ni repentir. Il a reçu la Légion d’honneur des mains de Mitterrand, je l’eusse préféré comte du Pape.
Le récit de l’enfance, de l’adolescence, l’arrivée du chenapan bordelais à Paris, sont des morceaux délicieux. Un enfant couvé par un gynécé, le phallus de ces dames : sa petite maman ; une jolie tante qui l’adule et lui masturbe la saignée du bras des heures durant ; les deux sœurs aînées, godiches mais serviables, qui jouent les petites mamans (Ah ça ! non, dit-il). Un petit môme qui trouve, extasié, le ressort de son ergo sum dans son Je sais lire. Un élève qui ne sait plus très bien si ses maladies innombrables sont authentiques ou feintes. Puis, le voilà Cherubino s’offrant (c’est le verbe qu’il emploie), non à la Comtesses, mais à Susanna, aux bonnes et aux femmes de ménage, qui, je ne vois pas d’autre mot, le lutinent. Fornicateur précoce, il se refuse à frayer avec les puceaux de la classe. étudiant, il est mal réveillé, réussit comme en songe, scribouille comme en rêve, et séduit au premier regard : “j’avais, dit-il, le suffrage à vue”. Le mot est de Casanova, et veut dire qu’il n’a qu’à paraître, et il pleut des femmes. Ce Sollers est très Faublas, et Paysan parvenu, avec quelque chose de Tom Jones, et peut-être aussi de Margot la ravaudeuse.
Peu de Père dans son ciel, ai-je dit. Nous n’avons pas ici un raide, un droit, un Juste. Ce rôle est distribué à BHL, aussi Juif que Sollers est catholique romain (comme disent les Anglais, par exemple, très aimés à Bordeaux et dans la famille Joyaux). Nous avons affaire à un souple, un retors, ondoyant et divers, à une corde qui flotte, ou, plus précisément, à un rond de ficelle. J’ai déjà dit qu’il était ficelle. En topologie, un rond de ficelle est équivalent à une droite, mais seulement si elle est infinie. C’est pourquoi la revue de Sollers s’appelle L’Infini. CQFD.
Un rond de ficelle, ça se tord, ça se tortille dans tous les sens, ça prend toutes les formes – à nous les métamorphoses, mon nom est personne, mon nom est légion – mais enfin, il faut que ça s’attache, sinon ça n’attrape pas grand chose. Un rond de ficelle, c’est une vraie passoire. Sollers en son jeune temps était comme ça, si j’ai bien compris le Vrai roman. Navigation par temps de brume, sans radar. Une jolie poupée, un gigolo, mais payé en caresses, le joli garçon des romans libertins dont les femmes d’expérience savent ouvrir la braguette. D’où nécessité, vitale, de passer au nœud.
Notre antidépresseur national avoue quelques tentations (non tentatives) de suicide. Le salut est du côté femmes. Il faut qu’il fasse nœud avec elles, toutes sortes de nœuds, sans en excepter ceux du mariage, qui sont ici essentiels car, vu les lois en vigueur interdisant la polygamie, ils sélectionnent une femme entre toutes les autres. Mais d’emblée, elles sont deux, lui troisième. Ce sont d’abord sa mère et la sœur aînée de celle-ci. Il y aura ensuite Dominique et Julia. La première a 42 ans quand il devient son amant pour la vie, il n’a pas trente ans. L’autre, lumineuse beauté bulgare (je l’ai vue à l’époque), n’a pas trente ans quand ils se rencontrent, lui à peine plus. Tenant la place de la jeune maman, elle sera le pivot autour de quoi s’enroulera la corde flottante. Si Sollers a ainsi l’inceste à domicile, comme tout un chacun, il prend bien soin d’indiquer qu’à la différence de l’obsessionnel moyen, son épouse, il l’honore. L’amante de ce beau livre, L’étoile des amants, ce serait elle.
Sollers dit peu de Lacan. Il donne néanmoins cette notation précieuse, voyez page 143 : “Ah, Lacan, unique objet de souci, de jalousie et de ressentiment pour les penseurs de ce temps-là… Que pense Lacan ? Que dit Lacan ? Qui peut déstabiliser ou surplomber Lacan ?”. Surtout, la page 250 fait un sort à l’un de ses propos de table, une insigne vacherie macho, frappée à l’antique (bien qu’argotique), et criante de vérité, qui pourrait être de Montherlant : “C’est curieux comme quand une femme cesse d’en être une, elle écrabouille l’homme qui est à ses côtés – pour son bien, évidemment”. Plus loin, Sollers cite Apollinaire : “Je souhaite, dans ma maison,/ Une femme ayant sa raison.” Il l’a trouvée en Julia, raisonnable, si raisonnable (trop raisonnable ? ce n’est pas exclu). Il ne l’a pas lâchée, et il a bien fait, car, lui, sa raison, l’a-t-il bien toute dans sa maison ? Il n’en est pas très sûr. Et si la folle du logis, c’était lui ?
Beaucoup de stade du miroir, tout de même, dans l’enfance (lisez le livre). Personnalité peu œdipienne, c’est le moins que l’on puisse dire (sa devise : Nihil obstat). L’écriture comme Nom-du-Père, un peu à l’instar de Kafka. Un phallus vagabond, de “débauché” (le mot est de lui). Relations : pour les femmes, on a vu, mais il collectionne aussi les conquêtes masculines (en tout bien tout honneur). Ce sont des hommes plus âgés, qu’il admire, qu’il allume : Ponge, Mauriac, Aragon, Breton, Bataille, etc, plus tard Lacan. Il ne dit pas qu’il les aiment (sauf, peut-être, Bataille), il se flatte que, eux, ils l’aiment, lui (Lacan m’aime, titre d‘un charmant petit recueil, que j’ai postfacé).
Dans son Vrai roman, et il l’avait déjà fait dans L’Infini, il affiche leurs dédicaces comme autant de certificats, non de bonne conduite, mais d’affection de leur part, et il les tance aussitôt. Lacan lui met-il gentiment “On n’est pas si seul, somme toute”, que Sollers prend le contre-pied, du genre :“Pas du tout, il se trompe, justement, on est seul, tout seul, etc”. Bref, il se pare de ces témoignages d’intérêt, mais tient à faire savoir en même temps qu’il n’en est pas dupe, qu’il n’a pas besoin d’un papa, qu’il est un grand garçon. Il sait très bien qu’il ne l’est pas (il le dit ailleurs dans le livre), qu’il est Cherubino pour la vie, et que c’est pour ça qu’on l’adore (moi y compris).
De même, assidu au Séminaire, il trouve Lacan faible sur Sade et sur Joyce. Et puis, dit-il, Lacan écrit mal. Là, il tire un peu sur la ficelle, si je puis dire. Lacan n’écrit pas comme Sollers, c’est sûr, et c’est bien naturel : Sollers est un rond de ficelle (c’est l’hypothèse), Lacan un nœud borroméen à on ne sait combien de ronds.
La femme maternante et la casse-couilles, Sollers les a en horreur, et ses petits couplets énervés sur Elsa et Beauvoir sont à mourir de rire, mais il supporte l’homme paternant, voire il le sollicite, à condition, bien sûr, de pouvoir lui faire des pieds de nez dans le dos. Quant au casse-couilles, si c’est un homme qui le manie, il supporte ça très bien, et très longtemps. François Wahl fut son mentor vingt ans durant aux éditions du Seuil, dans le style Père noble, ou Grand Frère, greffé sur le polisson comme la conscience morale lui faisant évidemment défaut. Il n’est pas nommé dans le livre. Je ne doute pas que Sollers ait commencé à respirer mieux, une fois quittée la rue Jacob pour la rue Sébastien-Bottin, et qu’il se soit épanoui dans sa relation toute différente à Teresa Cremisi, italienne, et surtout à Antoine Gallimard, son cadet. J’ai d’ailleurs croisé Antoine à la même époque, quand je voulais moi aussi échapper à l’emprise un peu étouffante de François.
Au fait, cher Antoine, veuillez excuser cette manière de lettre ouverte, mais, dîtes-moi, vous n’allez tout de même pas nous mettre Le Clézio et Modiano en Pléiade avant Sollers ? Personne ne comprendrait. Pour le meilleur et pour le pire, c’est en Sollers que notre génération se reconnaît. On sait bien dans votre maison, connue pour son exquis “discernement acoustique”, qu’il n’est personne qui joue de la langue française avec un toucher plus délicat. Sollers n’aime pas Gide, ni, en bon romain, les protestants d’une manière générale, mais moi, oui, et pour moi, Sollers, c’est notre Gide. Vous n’allez pas manquer ça. — Paris,le 25 octobre 2007
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